L’élevage équin en région Bretagne

L’élevage équin en région Bretagne

Catégories : CHEVAL ET CULTURE

Lorsque l’on évoque l’élevage de chevaux en France, on pense spontanément à la Normandie (plus particulièrement la Basse Normandie). Qualifiée par beaucoup de “terre du cheval”, cette région est cependant à “touche touche” avec la Bretagne. Berceau du cheval de trait, et surtout du cheval de poste, la Bretagne dispose d’un grand nombre d’infrastructures totalement dédiées au Cheval. Chaque département breton connaît ses spécificités en matière de filière équine. Notons pour l’anecdote, que le cheval est arrivé en Bretagne il y a de cela visiblement plus de 4000 ans…

Le cheval breton : un animal résistant

Au regard des archives, les chevaux bretons, au Moyen Âge, étaient élevés de manière quasi sauvage. Landes et forêts constituaient leur habitat. Ce biotope, pour le moins difficile et agité par des intempéries constantes, leur a permis de se bâtir naturellement une constitution solide.

Lien étroit entre l’élevage breton et les Haras Nationaux

Durant l’Ancien Régime, les éleveurs bretons étaient tenus de présenter leurs chevaux aux administrateurs des haras. Sans cela, ils s’exposaient à de lourdes amendes. L’introduction d’étalons étrangers fut source de colère chez les éleveurs locaux, et ce fut quelque part le début d’une nouvelle manière d’envisager la production.

Les éleveurs, devant obligatoirement se rendre aux haras pour faire saillir leurs juments, se virent face à de cuisants échecs. Les juments locales, de petite taille, ne parvenaient pour ainsi dire pas à faire naître des poulains viables. Étant croisées avec de lourds modèles étrangers, la pérennité de ces méthodes ne fut pas possible.

En dépit de tout cela, les éleveurs étaient taxés de paresseux et d’individus rétrogrades, peu à même de faire évoluer leurs lignées. L’appât du gain fut utilisé : ceux qui présentaient de beaux produits à 3 et 4 ans, se voyaient verser une prime. Cette coercition finalement, visait à éliminer les chevaux locaux, purs bretons avec les qualités et les défauts (surtout esthétiques) qui leur étaient propres.

Une race qui a bien faillit disparaître 

En 1790, les Haras sont abolis. Cette période, mêlée de près à la Révolution, marque l’abandon quasi total de l’élevage. Entre réquisitions et dispersions des étalons reproducteurs, l’écart entre le nombre de chevaux produits, et la quantité de chevaux nécessaire (armée, travaux de bâts, déplacements divers…) ne cesse de se creuser. Ce n’est qu’en 1802, que la sonnette d’alarme est tirée : “il n’y a plus de bons chevaux en Bretagne, et il est imminent de relancer l’élevage”. D’autant plus, que toutes les conditions sont réunies pour remettre sur pied un bel et bon élevage régional. Dès lors, le rétablissement des haras est réclamé.

Napoléon 1er au secours de la race Bretonne

Napoléon Ier relance ainsi les Haras. La réputation des chevaux bretons n’étant plus à démontrer au sein de l’armée, de nouvelles primes sont instituées et versées aux éleveurs. Cette période dorée ne se prolonge malheureusement pas sous les meilleurs auspices… Les meilleurs chevaux étaient réquisitionnés pour l’armée, ce qui de fait, appauvrit terriblement la qualité de l’élevage en général.

Parallèlement, une chose ne s’était pas appauvrie ! En l'occurrence, les besoins quotidiens qu’avaient les hommes des chevaux. Entre les transports divers, les travaux extérieurs, le développement de l’attelage (les boeufs pour ces tâches furent délaissés), et même les courses - on vit une considérable réintroduction des juments dans le paysage breton.

Le Haras de Lamballe fut consacré dépôt officiel d’étalons. Faute de moyens, ce dépôt fut délocalisé à Langonnet puis à Hennebont.

En tout état de cause, les chevaux bretons étaient très appréciés, mais les éleveurs ont cherché à faire disparaître la robe grise. En procédant à des croisements avec des demi sangs normands, les robes se sont assombries. Puis, en vue d’améliorer la race (selon l’armée) d’autres croisements avec des chevaux arabes et des pur sangs, le cheval de “Corlay” a vu le jour. Davantage destinée aux besoins de l’armée, cette race n’a pas correspondu aux besoins des bretons.

Rayonnement international

La fin du 19ème siècle et la première moitié du 20ème ont été marquées par de nombreuses exportations de chevaux bretons. Aux États Unis notamment, aucune race de chevaux n’était aussi robuste et prédisposée aux travaux que le Trait Breton. Les éleveurs ont connu une période très faste, grâce à la vente de nombreux chevaux à des pays étrangers. Ceux ci n’étant pas pourvus en équidés aussi robustes et polyvalents. L’âge d’or du postier breton se situe entre 1900 et 1940.

La fin des années 50 marque l’arrivée des machines automatisées, des voitures, et de fait, les chevaux ont été délaissés au profit de ces outils. Dès lors, il fut davantage question de préserver puis conserver la race. Le cheval breton fait partie intégrante du patrimoine culturel.

L’élevage en Bretagne aujourd’hui

Véritable pilier économique,  l’élevage breton ce ne sont pas moins de 2000 structures. En termes de chiffres, elles représentent 74% des entreprises de la filière bretonne. On recense quasiment 30 000 équidés de toutes races dans les élevages. À noter que les juments de traits sont en majorité présentes dans les Côtes d’Armor, et les trotteurs en Ile et Vilaine. Côté reproduction pure, ce sont plus de 550 étalons qui ont été stationnés en Bretagne et qui ont oeuvré pour la pérennisation des différentes races présentes actuellement.

Le chiffre d’affaires des élevages s’élève à environ 45 000 000 d’€ - soient 68% de ventes de produits vs 32% provenant de prestations diverses (on pense aux pensions, aux travaux de débourrage, à l’enseignement parfois, et à la valorisation par exemple).

Malheureusement, entre 2009 et 2013, 30% des élevages bretons ont dû cesser leur activité.

Au sujet des races les plus produites, ce sont les selles français qui font la part belle au marché. Ils constituent plus de 66% des races élevées dans cette région.

Même les poneys contribuent à l’économie bretonne, puisque plus de 18 races de ces petits modèles sont produites. Les Shetlands, Dartmoor, Welsh, New Forest, Connemara, Poneys Français de Selle, Haflinger, pour ne citer qu’eux, sont au coeur des préoccupations de nombreux élevages. Ces poneys sont par ailleurs parti prenant d’un vaste réseau. Au delà de l’élevage uniquement, ils sont pour un grand nombre, vendus en terre bretonne et mis à contribution dans les structures locales.

Pôles incontournables

Les pôles historiques d’élevage sont toujours en activité. Ils se sont modernisés et diversifiés. Les contingences financières ont provoqué une prise de conscience de la part des autorités locales, ce qui de fait a permis à certains haras de partager au sein d’une même structure, des activités pour le moins hétéroclytes !

Hennebont propose de la location d’espaces pour des événements professionnels, de l’organisation d’événements… Cette ambition de s’inscrire dans un paysage autre que celui de l’élevage, a permis à ce haras de bénéficier d’une nouvelle vie.

Même cas de figure pour le haras de Lamballe : manifestations équestres, expositions d’Art… En somme, de nombreux motifs qui légitiment la création d’une nouvelle vie pour des haras qui vivent avec leur temps.  

Le haras de Corlay, lui, est constitué d’éleveurs, qui par association mettent un point d’honneur à préserver la production de chevaux de sang. Landivisiau, grâce à la Communauté de Communes, a pu créer un pôle équestre en activité toute l’année. Totalement polyvalent, ce site est ouvert au grand public et a vocation à ouvrir le monde du cheval à tout un chacun.

Dinard en revanche, a axé ses activités sur l’organisation et la réception de Jumpings haut niveau. Dinard fête par ailleurs son 105ème anniversaire en 2018 :  de quoi asseoir une nouvelle fois la légitimité de la Bretagne en ce qui concerne les affaires de chevaux …

 

La Bretagne est et restera terre de cheval. Rien qu’une balade sur une plage bretonne, ou à flanc de rocher,  sont des épisodes inoubliables. Les embruns marins qui atteignent certaines pâtures sont gage de bonne santé et de chevaux correctement iodés…

Brève proposée par ALJ - Distri'Horse33® Produits pour chevaux - ©Tous Droits Réservés

 

Image empruntée à Wkimedia Commons.

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